Héros
Pendant des années, Xander avait imaginé la scène, l’avait joué dans sa tête, gonflant un peu le torse, souriant bêtement dans le vide. Il avait attendu, espéré sans vraiment y croire, que ce moment viendrait. Lui, le looser, le raté, le charpentier sous-éduqué, le fils d’ivrogne, l’ex-futur mari, le sans pouvoir, le garçon de l’ombre, il avait espéré le moment où ce serait son tour de sauver la situation, où il entrerait dans la lumière, le moment où Buffy serait à court d’idées, Willow à court de sorts et Giles à courts de bouquins poussiéreux. Le moment où, lui, Alexander Lavelle Harris, serait un héros. Leur héros.
Mais quand c’était finalement arrivé, quand Buffy n’avait plus été l’héroïne de ses rêves et que Giles n’avait plus eu toutes les réponses et que Willow était devenue la menace à laquelle faire face, quand il s’était retrouvé face à elle, fatigué, choqué, échevelé, sans plan, sans véritable espoir, Xander ne pensait plus à être un héros. Il ne pensait plus à sauver le monde. Il pensait juste à sauver Willow, son amie. Il ne trouva que le crayon jaune pour l’aider, parce qu’en la regardant, si sombre, si triste, si désespérée, si brisée, tout ce qu’il pouvait voir, c’était Willow, l’amie d’enfance, sa Willow.
Il avait sauvé le monde, et il y pensait parfois en le regardant défiler à travers les vitres de sa voiture en allant travailler le matin. Mais cela n’avait pas d’importance. Il n’avait pas sauvé Tara.
A quoi cela servait-il d’être un héros pour le monde quand il avait échoué à être le héros de Willow?