Soulagement

La porte de l’infirmerie se referma derrière ses derniers patients avec son clic caractéristique, et Karin Chakwas prit une profonde inspiration avant de s’effondrer dans sa chaise de bureau.

Ses yeux dérivèrent malgré elle sur les cadres qu’elle gardait prudemment cachés derrière un vase de fleurs sur son bureau. C’était idiot de sa part, et même peu professionnel, de garder des photos de ses membres préférés de l’équipage ainsi visibles, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. L’Alliance était la seule famille qu’elle n’ait jamais eue, la seule qu’elle n’ait jamais souhaité avoir, et les soldats dont elle s’occupait lui semblait être comme une bande neveux et nièces turbulents. Certains plus que d’autres.

Elle étendit sa main tremblante en direction des cadres et les attrapa, et alors qu’elle fixait le visage souriant de Joker à coté de celui bien plus sérieux de Kaidan, elle sentit des larmes se former aux coins de ses yeux et se mit à sangloter malgré elle.

Elle ne parvenait pas à oublier le regard tourmenté du Commandant, et un jour comme celui-ci, elle était plus heureuse que jamais de ne pas être celle qui devait faire ce genre de choix. Elle n’était pas sure de pouvoir dire qu’elle était la personne qui connaissait le mieux Shepard sur le vaisseau, mais sa place en tant que docteur lui avait permis d’assister de nombreuses fois à l’inquiétude visible sur le visage du Commandant quand elle avait emmené l’artilleur Williams après qu’elle ait reçu un tir percussif lors d’un raid contre des pirates sur une planète quelconque, ou quand elle venait avec Kaidan pour s’assurer qu’il autoriserait le docteur à s’occuper d’une blessure ou d’une migraine particulièrement sévère. Bien sur, le Commandant démontrait toujours une inquiétude certaine pour chacun des membres de son équipe, mais Chakwas était habituée à faire la différence entre l’inquiétude purement professionnelle et un investissement plus personnel. Et elle savait que Shepard tenait à Kaidan et Ashley plus qu’à n’importe qui d’autre.

Comment pouvait-elle se sentir après avoir fait un choix pareil? Karin Chakwas se résolut à tenir le Commandant à l’œil dans les jours, et certainement les semaines ou mois à venir.

Plus tard, elle se reprendrait et offrirait au Commandant les mots de réconfort si nécessaires, et peut-être même si le besoin s’en faisait sentir, les mots d’assurance que le choix qui avait été fait était le bon. Elle n’avait pas été capable de rassembler la force et le courage de trouver ces mots juste après que le commando soit rentré de Virmire en laissant l’un des leurs derrière eux.

Plus tard, elle prendrait le temps de faire correctement le deuil de l’énergique, franche et passionnée artilleur Williams.

Mais maintenant, elle autorisait quelques larmes à couler librement sur ses joues, alors que par la large baie vitrée de l’infirmerie, son regard délaissait les photos entre ses mains pour suivre la silhouette fantomatique de Shepard qui marchait à grands pas vers l’ascenseur alors que Kaidan boitillait derrière elle à essayer de la rattraper.

Des larmes de soulagement.